Hors-série. Transformations | 2017 | Sous la direction de Charlie Mballa et Issiaka Mandé
Plus d’un milliard d’habitants, soit 25 % de la population mondiale à l’horizon 2030-2040 ; une institution pan-continentale (l’Union africaine) fédérant 54 membres ; deuxième rang derrière l’Asie de l’Est pour la rapidité de la progression de son PIB pour 2015 : l’Afrique est-elle partie ? Le bilan accablant que René Dumont (1962) dressa jadis à tout le moins en ce qui est de l’Afrique noire est-il à classer dans le musée de la désuétude ? Pour bien d’observateurs, aujourd’hui l’Afrique semble rompre avec le passé. Serions-nous en train d’approcher le siècle de l’Afrique, comme le rappelait le Président chinois Xi Jinping lors du sommet de Johannesburg de 2015, en citant Nelson Mandela, qui déclarait un jour : « Nous arrivons au siècle de l’Afrique, un siècle où l’Afrique aura sa place parmi les nations du monde. » (BBC, 2015) ?
Mais les défis existent, aussi bien internes que mondiaux. Ils vont de l’accès difficile aux services publics jusqu’à la menace voire le risque terroriste en passant par la prolifération des conflits internes, toutes choses qui pèsent sur la stabilité du continent et complexifient la gouvernance de ses affaires. Ces défis se conjuguent avec une conjoncture internationale, un ordre mondial et des rapports de forces défavorables au continent. Ainsi, en dépit de sa croissance, ce dernier présentait encore, du moins d’après les chiffres de 2013, un tableau sombre avec seulement 1,5 % du PIB mondial, 2 % du commerce mondial et de 2 à 3 % des investissements directs étrangers (IRES, Paris 2013). De plus, le commerce interafricain reste encore faible, alors que l’intérêt pour le régionalisme ne se dément plus dans ce continent qui regorge de huit Communautés économiques régionales (CER).
Y faisant face, l’UA a adopté l’Agenda 2063, lequel retient l’intégration du continent comme sa deuxième aspiration majeure : un continent « politiquement uni ». Au-delà de cette perspective cinquantenaire, les trajectoires antérieures et les évolutions récentes de l’intégration régionale africaine méritent un temps d’arrêt pour jeter un regard rétrospectif sur les acquis et se projeter sur l’avenir, à la lumière d’un état des lieux.
C’est l’objet du présent numéro thématique de la Revue Interventions Économiques. Le numéro « spécial Afriques » entend faire le point sur l’intégration régionale en Afrique, cinq décennies après la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et 15 années après la naissance de l’Union africaine (UA). Il a vocation à contribuer à améliorer la connaissance sur l’intégration régionale en Afrique. Ce faisant, les experts s’y prononcent sur l’impact des régionalismes sur la compétitivité du continent, tout en essayant de situer les économies africaines au sein de l’économie mondiale. De plus, les lecteurs trouveront dans ce numéro des réflexions qui tentent de faire le suivi des efforts en matière d’intégration africaine, de repérer les opportunités et les menaces inhérentes tant aux contextes national (aspirations au statut d’émergence) et régional qu’à l’environnement mondial. Une place importante est également faite non seulement à l’évaluation des acquis en termes de bien-être et de qualité de vie des populations, à l’identification de quelques pratiques exemplaires, mais aussi à une projection sur l’avenir dans des perspectives à moyen ou long terme pour l’émergence et l’intégration africaines.
Pour lire le numéro : https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/3152
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